Ukraine-Russie : Où en est l’industrie du roulement ? (Mai 2022)

Dans un article publié ce mois-ci sur BearingNews, l’on peut en apprendre davantage sur la santé de l’industrie du roulement, sur fond de conflit russo-ukrainien : départs des grands fabricants, tensions sur les approvisionnements et perspectives de reprise sont abordées.

Le marché des roulements en Russie et dans la CEI

La moitié des roulements utilisés étant importés, la Russie et la Biélorussie font aujourd’hui face à d’importants défis. En particulier, trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour les roulements et composants connexes. Les chiffres de ventes et de demande en roulements semblaient pourtant se maintenir, comparé à 2021. Il faut dire que l’augmentation des prix et l’état actuel des stocks a pu couvrir (jusqu’ici) les besoins en approvisionnement. Mais la situation pourrait se compliquer dans les prochains mois.

Les alternatives aux marques haut de gamme telles que SKF, Schaeffler, NSK, Timken, etc., étaient encore activement recherchées. Et pour cause : elles ont toutes annoncé l’arrêt de leurs activités. Alors même que la demande de composants s’avérait encore énorme dans plusieurs usines, voire industries.

L’industrie automobile sous tension

Les principaux problèmes sont constatés dans les grandes lignes de convoyage, qui consomment grande quantité de roulements pour leurs opérations quotidiennes. De fait, le plupart des constructeurs automobiles russes et certaines de leurs sous-entreprises ont été contraints d’arrêter leurs lignes de production. L’alliance AVTOVAZ (Renault-Nissan-Mitsubishi) n’a pas encore été en mesure de redémarrer la production depuis fin février 2022. D’après les informations obtenues, la nouvelle direction table sur un redémarrage de la production en juillet de cette année.

Les constructeurs de camions russes comme le groupe GAZ, KAMAZ et UAZ ont également dû arrêter leur production plus tôt en mai. La plupart des constructeurs automobiles étrangers présents localement ont été contraints de faire de même. Les fabricants de composants automobiles comme KARDAN, TZA, SOATE, MZATE et BRT (Avtoform) ont suspendu leurs activités, reporté leurs congés officiels à une période ultérieure ou ont été contraints de réduire leur production en raison du manque de pièces de composants.

Les usines de wagons de Nizhny Tagil, Tver et Altay ont également connu des problèmes d’approvisionnement en roulements TBU. Les principaux producteurs de roulements TBU (EPK-Brenco, SKF Tver, Timken) ont arrêté leur production au début de l’année en raison des sanctions imposées. La majorité des consommateurs industriels de roulements et de composants connexes maintiennent leurs activités en raison des stocks disponibles dans le pays, qui sont négociés à un prix de revient plus élevé qu’avant les sanctions.

Situation chez les fabricants premium

SKF a cessé ses activités en Russie le 22 avril. Il est dit que SKF va éventuellement vendre ou céder sa part de la coentreprise dans l’usine de roulements de Tver à des entrepreneurs locaux. Le revenu de la division russe de SKF était estimé à environ 240 millions de dollars à la fin de 2021.

Le groupe Schaeffler a dû revoir les activités de son usine de composants automobiles à Ulyanovsk, avec des restrictions de livraisons à certaines usines industrielles en Russie. Schaeffler déclare avoir cessé toute activité avec les fabricants d’équipements militaires et ne plus pouvoir fournir de composants au fabricant de camions KAMAZ et au fabricant de bus NEFAZ.

NSK, qui disposait initialement d’un grand nombre de distributeurs en Russie et dans la CEI, a cessé toutes ses activités en Russie et en Biélorussie. Le siège social de NSK pour la Russie et la CEI sera transféré en Pologne. L’entreprise a également demandé la garantie aux distributeurs NSK du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan de ne plus vendre la marque NSK en Russie et en Biélorussie.

Timken a pour sa part mis fin à toutes ses activités sur le sol Russe.

Entités de ventes locales et autres sites de production

Les principaux fabricants locaux de roulements en Russie et en Biélorussie font face à une surcharge de commandes, organisant des lignes de produits supplémentaires et allongeant la semaine de travail. Les unités de vente tentent elles de résoudre les problèmes liés aux conteneurs qui ont été bloqués dans les ports européens et à la frontière du Kazakhstan, et essaient tant bien que mal de trouver de nouveaux chemins d’importation. Sans surprise, la commission a presque doublé pour la plupart des négociants du secteur.

On s’attend à une stabilisation des prix des roulements et des composants industriels pour la fin de 2022, avec la mise en œuvre de nouveaux plans pour les chaînes d’approvisionnement et l’état de la monnaie locale qui, étonnamment, semble se renforcer à la faveur des exportations énergétiques russes en roubles.

Conclusion

De manière générale, l’industrie du roulement est confrontée à un défi de taille, car la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie constituaient jusqu’à présent le gros de la consommation et de la production dans la région. La chute des approvisionnements en roulements va inévitablement pousser les industriels russes à se sourcer auprès de nouveaux fournisseurs et/ou à accélérer la production locale.

Plus de 50 % des roulements utilisés en Russie et dans la CEI a été importés au cours de la dernière décennie. Ce sont désormais vers les fabricants asiatiques que les regards se tournent, lesquels pourraient occuper sans problème ce nouveau marché.

 

Source (en anglais) : BearingNews

Crédits photo d’en-tête : Le ministre de l’Industrie et du Commerce de Russie, Denis Manturov, lors d’une réunion avec des représentants de l’industrie russe du roulement au cours d’une visite en avril 2022. (BearingNews)