Selon la société de consultance hollandaise Mainnovation, la moitié des équipements industriels en Europe devra être remplacée d’ici 2025, c’est à dire dans pas si longtemps. Dans le même temps, le marché des machines industrielle d’occasion aurait atteint les 180 miliards d’euros, selon le blog Product Lifecycle Management. Un chiffre qui suscite quelques doutes quant aux promesses des chantres de l’industrie du futur..
Les raisons de ce « cout-termisme » sont connues : couts de renouvellement trop élevés, globalisation, compétition de plus en plus agressive et reprise économique incertaine. Pour autant, cette approche est-t-elle réellement la plus appropriée ? Les maintenanciers ont-ils les moyens de sauvegarder la production dans ces conditions ? La réponse dépasse le cadre seul de la maintenance et ouvre un sujet plus vaste, celui de l’Asset Management.
En quoi consiste l’Asset Management ?
Traduit littéralement, cela donnerait « Gestion d’actifs ». Dans le cadre d’actifs physiques industriels, il s’agit de bien plus que cela : le but est de créer de la valeur pour l’entreprise par une gestion plus appropriée de ces actifs. Dans un excellent article paru sur le site de l’Institut Life Cycle Engineering en 2013, Ron Moore pose les questions clés : « La stratégie de gestion d’actifs fait-elle progresser leur performance? Est-elle créatrice de valeur en terme de qualité de production ? Au coût le plus bas possible? Avec une meilleure performance environnementale? Avec le risque le plus faible possible? ». Autant de questions directement liées aux objectifs globaux de l’entreprise, et non plus seulement aux opérations de maintenance.
Les stratégies d’asset management sont multiples, et seront différentes selon le moment où elles sont mises en oeuvre : à la conception ou dans le cadre d’un modèle existant. Elle s’appuient notamment sur les audits de criticité, les méthodes d’analyse (RCFA), les opérations de maintenance préventives/prédictives et sur la mesure d’indicateurs caractéristiques tels que l’OEE ou le MTBF.
Se fixer des objectifs clairs et réalistes
R. Moore insiste particulièrement sur ce point : « Pour que toute stratégie de gestion d’actifs soit efficace, elle doit d’abord définir clairement les besoins opérationnels des actifs au cours des prochaines années, c’est-à-dire dans un, cinq, dix ans, voire plus, en fonction de la situation de l’entreprise. Cela nécessitera des discussions avec les cadres supérieurs de l’organisation, le marketing et les ventes, et peut-être même d’autres départements. »
Une analyse des « gaps » (lacunes) et des actions correctives pour améliorer le rendement actuel constitue souvent le point de départ de cette définition des besoins. Par exemple, si l’efficacité globale de l’équipement ou l’OEE fait défaut, elle devrait être améliorée avant que des dépenses en immobilisations supplémentaires ne soient autorisées pour accroître la capacité. En théorie, l’entreprise ne devrait donc pas dépenser d’argent sur de nouveaux actifs tant que les actifs existants ne performent pas au niveau requis.
L’évolution digitale ouvre de nouvelles possibilités
Durant ce processus d’amélioration, la rigueur vis-à-vis du plan d’action est attendue de la part de l’ensemble de l’organisation car, pour ainsi dire, tout reste à faire. Heureusement, les technologies de surveillance et d’acquisition de données se sont vues considérablement améliorées ces dernières années et rendent aujourd’hui la tâche moins fastidieuse.
Dernièrement, le géant Capgemini a mis en ligne une plateforme complète de gestion d’actifs (DiALM), qui ouvre de nouvelles possibilités : interfaçage de la plate-forme avec les autres systèmes-métiers (CAO, GMAO, etc.), ou encore avec des applications avancées tels que les outils de maintenance prédictive ou la formation par réalité virtuelle.
Suis-je concerné?
Établir un état des lieux et se confronter aux benchmarks constitue sans aucun doute une démarche bénéfique.. encore faut-il être prêt à accepter les conclusions qui pourraient en ressortir. Le plus simple est de s’entretenir directement avec un expert et d’exposer les besoins de l’entreprise. Son point de vue vous apportera bien plus d’éclairage qu’une simple recherche sur internet et vous perdrez aussi moins de temps en tergiversations.
SKF et Mainnovation, qui donneront des conférences au salon Maintenance 2017, exposent quelques cas concrets sur le site web : cela va du simple coaching, amélioration des procédures de travail, revue des process informatiques, jusqu’à l’établissement d’une stratégie complète de gestion d’actifs.
Autant de remises en question qui peuvent s’avérer payantes sur le long terme, et fédérer les départements de l’entreprise autour d’un même objectif.